❝I. STORYBOARD

~ Part 1 : 1950-1988 ~

Le 14 février 1950. Jour de la Saint Valentin chez les Moldus, Madame Burden était à l'hôpital pour accoucher. Accompagnée de son mari, bien entendu. Cela faisait neuf mois qu'ils attendait la venue de leur premier enfant. Un garçon. Ce serait leur petit ange. C'est surement la raison du nom à consonance angélique qu'ils lui ont donné. Gamaël. La naissance se passa sans encombres. Le bébé était en parfaite santé et tout allait bien.
Encore mieux, quelques années plus tard, le petit garçon manifesta ses premiers dons magiques. Ce fit la joie des deux parents, issus de familles de Sangs-Purs, il aurait été un peu mal venu d'avoir un fils Cracmol même si ça ne les aurait pas empêché de l'aimer, bien entendu. Cependant, comme tout le monde, ils étaient sensibles au regard des autres, et tout était pour le mieux, vu que leur fils était bel et bien un sorcier. Très jeune, le garçon commençait déjà à montrer un intérêt certain pour les livres et les choses anciennes qui parsemaient les couloirs et les pièces du manoir familial.

Alors imaginez-le lorsqu'il reçu sa lettre d'inscription à Poudlard. Imaginez-le quand il a pour la première fois posé les pieds dans le château. Dans la bibliothèque, dans ses couloirs. C'était comme si c'était Noël tous les jours. Il avait été réparti à Serpentard par le Choixpeau Magique. Il se sentait bien dans cette maison par certains aspects, mais moins à son aise par d'autres. En effet, il était bel et bien ambitieux, avide de savoir et prêt à presque tout pour parvenir à ses fins, mais, malheureusement, la plupart des élèves Sangs-Purs de la maison étaient égocentriques et anti-Moldus. Ce qu'il ne comprenait pas. Il n'avait pas été élevé de la sorte et ça le dérangeait. Oh, il avait bien quelques amis, mais la plupart se trouvaient dans d'autres maisons. Il était assez proche de Nicholas Yggdrasil pour qu'on puisse les qualifier d'amis, et il connaissait un peu Severus Rogue, et bien sûr la clique de Potter et compagnie. Mais ils n'avaient pas le même âge et donc ne se parlaient pas vraiment. Quoi que parfois il croisait Lupin à la bibliothèque. Leurs rapports étaient cordiaux, mais de là à parler d'amitié, c'était peut être un peu beaucoup.
Ses années à Poudlard se passèrent sans encombres autres que quelques railleries de ses confrères Sangs-Purs et fiers de l'être. Mais il n'en avait que faire et obtint des Optimal à presque toutes les matières qu'il passa à ses examens. En 1968, il quittait Poudlard sans vraiment savoir ce qu'il allait faire de sa vie.

L'année d'après, il avait finalement choisi d'ouvrir une petite boutique d'antiquités pas très loin de chez lui, à Godric's Hallow et l'ouvrait quatre jours dans la semaine et passait le reste du temps à lire ou à partir à la recherche de nouveaux objets à acquérir. Ou bien encore à restaurer ceux-ci.

En 1970, un sorcier qui se faisait appeler Lord Voldemort commença à semer la terreur dans le pays. Gamaël ne savait pas trop quoi faire. Ce qui était sûr, cependant, c'est qu'il n'était pas du côté de ce Mage Noir. Loin de là. Il n'avait aucune aversion pour les Nés-Moldus ni même pour les Moldus. Et il était loin de s'imaginer tuer quelqu'un de sang froid de la sorte. Cela faisait plusieurs années que ça durait maintenant... et ça ne semblait pas vouloir s'arrêter.
Les Potter, qui habitaient dans les environs, se battaient eux, pour le Bien. Gamaël continuait d'ouvrir sa boutique mais les clients se faisaient de plus en plus rares. Parfois, la nuit il entendait des combats magiques au loin et s'en voulait de rester à ne rien faire...

Un jour de 1976, alors qu'il allait fermer la boutique – elle avait été épargnée parce qu'il était un Sang-Pur –, à la nuit tombée, il se fit accoster par une jeune femme. Ce qui le marqua d'abord, ce fut ses yeux bleus. Si bleus. Ils étaient beaux, même si une lueur de terreur les voilait. Il la regarda un long moment avant de se rendre compte qu'elle lui parlait, effrayée, les cheveux ébouriffés et le corps tremblant. « -vous plait ! Je vous en pris, aidez-moi.. ! .. Ils me poursuivent... ! » Elle tournait la tête régulièrement dans la direction d'où elle venait et semblait commencer à s'énerver de l'absence de réaction du jeune homme. Gamaël finit par revenir à lui et l'attrapa par la main pour la faire passer le long de la bâtisse de la boutique et poursuivre derrière, vers chez lui. Rapidement, ils virent le manoir se découper dans les derniers rayons du soleil et il la fit rentrer avant lui, replaçant les sorts de protection après leur passage. Il se disait qu'elle avait de la chance de ne pas être tombée sur un partisan du Mage Noir...
Une fois à l'intérieur, elle s'était laissée tomber sur le carrelage de l'entrée et reprenait son souffle. Il vint doucement se mettre accroupi à côté d'elle et elle leva ses yeux bleus vers lui. « Merci... » Il se contenta de lui sourire, déjà, il était amoureux. Elle fronça les sourcils en voyant son air béas et le poussa un peu, le faisant tomber sur les fesses. Elle rit légèrement et le rire de Gamaël fit écho au sien. « Je m'appelle Amanda.. Vraiment, merci beaucoup à vous, de me cacher.. »
« Gamaël... Je ne pouvais pas vous laissez dehors... » Elle allait lui dire qu'il aurait pu. Mais elle ne dit rien et se contenta de le regarder. Son héros s'avisait assez séduisant et sa voix flottait avec un charme particulier à ses oreilles...

Finalement Amanda resta les quatre ans suivant à l'abris du manoir des Burden. Accueillie chaleureusement par les parents de Gamaël, elle fit vite partie de la famille. Elle était Née-Moldue, mais aucun des hôtes ne semblaient s'en inquiéter. Le jeune homme continuait de tenir sa boutique. Au moins ça n'attirait pas l'attention sur sa famille. Après tout, la jeune femme avait disparue aux environs de la boutique...
En 1980, Amanda devint la femme de Gamaël et quelques mois plus tard, naissait leur premier enfant. Un garçon. Marc. Il avait les yeux bleus de sa mère et le nez aquilin de son père. C'était l'être le plus beau que Gamaël n'avait jamais vu après sa femme. À cet époque, pas un jour ne passait sans qu'un sourire n'éclaircisse son visage.
L'année suivante, Gamaël fut réveillé dans la nuit par un grand éclair de lumière qui venait de plus loin dans le village... Il s'était levé pour renforcer les sorts de protection du manoir, sans faire de bruit, sans réveiller Amanda, ni Marc. Le lendemain matin, il apprit que les Potter étaient morts et que seul le fils avait survécu. Avec une cicatrice en forme d'éclair. Et que le Seigneur des Ténèbres était tombé.
Maintenant tout allait aller de mieux en mieux. C'est ce qu'il pensait.

L'année d'après, son père mourut. Dévoré par un dragon alors qu'il travaillait en Roumanie. Bizarrement, ça avait fait rire sa mère. Gamaël n'a jamais compris pourquoi. Ce devait être une blague entre eux. Mais au moins, ils étaient encore tous là pour se soutenir les uns les autres. Deux ans plus tard, ce fut au tour de sa mère de mourir. Finalement, elle n'avait plus vraiment envie de rester sans l'amour de sa vie. Elle est partie tranquillement dans son sommeil... Elle était déjà bien malade depuis quelques temps...
Gamaël, Amanda et Marc se retrouvèrent seuls dans le grand manoir familial. Mais ils étaient tous les trois, c'était ce qui comptait le plus. En plus, le petit garçon commençait à montrer des signes magiques lorsqu'il jouait de temps en temps.
Les sourires et les rires étaient encore très souvent présent dans la maisonnée...

~ Part 2 : 1988 ~

C'était l'été. La famille Burden avait suivit les volontés du fils, Marc. En effet, celui-ci voulait faire un long tour en volant sur un balais. Comme une promenade à cheval chez les Moldus, mais sur un balais, en l'occurrence.
Ils avaient parcouru plusieurs kilomètres, bien loin du manoir de Godric's Hallow. Bien loin de chez eux, ils avaient survolé les paysages britanniques jusqu'à ce que le garçon décide de faire demi tour. Ils avaient pris de quoi manger, boire et tout ce qui pourrait être nécessaire à leur petite expédition de la journée. Il faisait beau, le soleil les inondait de ses rayons et Gamaël portait le sac où étaient le provisions sur son dos. Leurs balais étaient les meilleurs que l'on pouvait trouver sur le marché à cette époque là et ils ne risquaient donc pas de subir les désagréments des longs trajets en vol.
Malgré tout, il arriva un évènement inattendu lors du retour. Marc jouait avec Amanda, sa mère, en slalomant autour d'elle avec de grands éclats de rire. Il était très doué sur un balais. Bien plus que ses parents et surtout d'avantage que sa mère qui appréciait assez peu ce moyen de transport, même si elle riait franchement avec son fils. Gamaël volait un peu en avant, pour être sûr que quelque chose ne pourrait pas se mettre sur leur chemin, ou qu'il ne faudrait pas faire un détour pour éviter l'attention de quelconques Moldus également en balade.
Les rires s'éteignirent brusquement, vite remplacés par un silence étrange puis un cri. Féminin. Le père de famille, lorsque cette absence de bruit suivit de celui qui lui vrilla les tympans et serra sa gorge lui parvint enfin – le vent soufflant dans le sens opposé – fit tant bien que mal faire demi-tour à son balais et revint en arrière aussi vite qu'il le pouvait. Il ne savait pas ce qui s'était passé. Il ne le savait pas, ne l'avait pas vu. Mais il le ressentait au plus profond de lui. Tout au fond, même avant de voir ces toutes petites silhouettes sombres tomber. Si près du sol. Déjà. Si près.
Ses grandes mains tremblaient sur le manche de son balais. Elles étaient tour à tour moites puis si sèches. Elles ne cessaient de trembler alors que sa bouche devenait désert et que le vent fouettait son visage. Les larmes ne coulaient pas sur ses joues. Pas encore.
Défiant toute prudence, il plongeait, plongeait presque à la verticale pour trouver le sol. Il ne sait comment il se posa sur les graviers. Il chancelait quand ses pieds touchèrent la terre chaude baignée de soleil. Mais ce beau temps n'était maintenant plus qu'un outrage de par sa beauté dans un moment pareil. Il trébucha en essayant de faire quelques pas. Le sac sur son dos semblait peser des tonnes. Puis ne plus rien peser. Sa main gauche tremblait encore, posé sur le bois ciré de l'engin de vol. Ses doigts se refermèrent dessus avec force. Son autre main l'attrapa un peu plus haut. D'un geste ample et plein de rage qu'il ne se savait même pas capable d'éprouver, Gamaël fracassa le balais contre le premier roc venu. Il frappa, encore, brisa, encore, et encore, piétina, encore, pour en finir avec cet objet de malheur. Il pouvait ressentir comme une douleur provenir de cette chose qu'il détruisait. Tout objet a une âme. Mais il n'en avait que faire. Il voulait détruire. Détruire. Même si cela ne pouvait pas le soulager.
Les larmes ne coulaient toujours pas. Il recula. Quelques pas. Quelques pas encore. S'éloignant en regardant vaguement les débris du balais devant lui. Son pied droit trébucha. Les graviers sous lui roulèrent. Le bord du plateau où il était glissa légèrement. Il perdit l'équilibre et le poids de son sac à dos qui soudain se rappelait à lui le fit basculer dans le vide. Il ne cria pas, ne se protégea même pas le visage. Il roula sur lui même. Encore. Pendant un temps qui lui sembla interminable. Puis tout cessa de tourner.
Il était plus bas, patraque et maladroit sur ses jambes. Son estomac se souleva et son contenu décida de ne pas rester à l'intérieur. Gamaël essuya son visage. Ses mains tremblaient toujours. De la poussière partout. Il était retombé à genoux. Ses yeux regardèrent autour. Tout autour. Par delà les buissons secs qui arrivaient à pousser. Gamaël se sentit soudain comme eux. Il était là, mais il ne savait pas comment ni pourquoi il arrivait à survivre.
Il se redressa maladroitement. Son corps chancela à nouveau mais il réussit à faire quelques pas. Ses yeux parvinrent à voir cette forme sombre, un peu plus loin. Son organisme n'eut pas le temps de lutter, son esprit avait donné un ordre impérieux, soudain. COURS. Alors il avait couru. Couru. Jusqu'à cette forme. Cette ombre qui avait un visage. Les yeux bleus s'éclairèrent après avoir vu l'homme qui courait vers eux. Un sourire douloureux mais franc se détacha sur les lèvres de poussière qui se dessinaient sous eux. Gamaël lâcha un cri étranglé. Un cri d'animal blessé. Un cri d'âme abandonnée. En se laissant tomber à côté de se visage si beau. Sa grande main, tremblante, toujours, caressa doucement la joue blessée et pâle. La lumière dans les yeux bleus s'éteigna. Un sanglot s'échappa de la gorge du sorcier et il se pencha pour déposer un baiser sur les lèvres sans vie. Son corps était secoué par les pleurs silencieux qui semblaient à présent ne jamais vouloir cesser.

Gamaël resta longtemps, à genoux dans la poussière. Le front posé sur le corps de sa femme. Secoué par les sanglots. Laissant échapper un son par moment. Son visage si heureux, il n'y avait encore pas si longtemps, était déformé dans une grimace de douleur et maculé de poussière mêlée à l'eau salée de ses larmes qui se perdaient dans sa barbe mal rasée.
Il se redressa maladroitement et posa le sac à dos à côté de lui. Enfin, il se mit accroupi pour glisser ses bras sous le corps inerte de sa femme et puis se relever, en la portant. Il fit deux pas en arrière, pour retrouver son équilibre. Il avait l'esprit si vide... Il marcha comme un automate jusqu'à retrouver le plateau d'où il était tombé. Sans savoir comment, il trouva un chemin pour remonter. Le sorcier déposa doucement et tendrement sa femme sur le sol. Loin, loin des débris de son balais. Il caressa ses cheveux longs puis il lui murmura doucement : « Je reviens vite, ne t'inquiète pas... »
Puis il redescendit, toujours à pied. Incapable de savoir pourquoi il faisait ce qu'il faisait. Ses pas le menèrent là où il l'avait trouvée puis plus loin. Juste un peu plus loin. Derrière ces buissons qui semblaient morts mais continuaient à vivre, il y avait l'ombre de ce qu'avait été son fils. Son balais en morceaux reposait près de lui. Une nouvelle vague de sanglots silencieux l'atteignit. À nouveau, il souleva le garçon. Toujours comme un fantôme, il vint déposer le fils à côté de la mère.
Gamaël se laissa tomber entre eux deux. Incapable de quoi que ce soit...

Puis le vent tourna. Lui envoyant une nouvelle poussière dans le visage, plaquant ses cheveux sur ses joues humides. D'un revers de main, il essuya ses yeux, sans vraiment y penser. Il embrassa à nouveau sa femme, et son fils. Il détacha les bracelets qu'ils avaient tous les deux au poignet et les mit autour du sien. Les mains tremblantes, il n'y parvint qu'au prix de nombreux efforts. Mais il était trop exténué pour se mettre en colère. Le sorcier finit par creuser dans la terre friable, avec ses mains, sans se soucier de la douleur, et, les yeux de nouveau pleins de larmes l'aveuglant, il déposa sa famille dans l'espace qu'il avait créé. Enfin, il les recouvrit...
À nouveau, il se laissa tomber sur le sol. Le chagrin et la tristesse avait du l’éreinter car il s'endormit.

Ce fut le soleil, sur son visage, qui le réveilla. Il pleura encore. Et encore. La nuit, il avait rêvé d'elle. Il avait rêvé que tout cela n'avait été qu'un cauchemar. Et maintenant il pleurait, parce que son cauchemar, c'était sa vie. Parce que ce cauchemar était sa vie et qu'i n'avait même pas le courage d'y mettre fin. Il pleurait.
Il pleurait. Il marchait. Il avait récupéré le sac à dos. Il marchait encore. Pleurait toujours. Le sac à dos n'était plus là. Vide quelque part entre sa famille et ici. Il marchait vers Godric's Hallow. Il pleurait. Ce ne serait plus vraiment chez lui.

C'était l'après-midi quand il retrouva enfin le manoir. Il n'avait croisé personne, étrangement.
Il pleurait.
Il était rentré.
Il pleurait et il fracassait tout.

~ Part 3 : 1988-Today ~

Il était rentré sans magie. Il savait transplaner, mais marcher lui avait semblé un meilleur choix. Il n'était même pas sûr d'avoir réfléchit à comment il allait parcourir les kilomètres qui le séparaient alors du manoir.
Mais il était rentré. Et il avait tout fracassé. Puis tout reconstruit par magie. Et encore tout fracassé. À n'en plus finir jusqu'à ce que ses mains redeviennent douloureuses et que ses jambes l'abandonnent. À nouveau, la fatigue l'avait emporté sur la douleur et la tristesse et il s'était endormi au milieu des débris de ses meubles...
À son réveil, rien avait changé. Rien ne changerait plus jamais de toute façon. Il avait enfin été prendre une douche. La poussière sur sa peau s'était transformée en boue au contact de l'eau chaude et s'écoulait vers un abysse inconnu. Il se sentait desséché et vide. Comme les buissons. Il marchait pieds nus chez lui, sans faire attention aux débris. Pourtant aucun ne le blessa. Il finit par sortir sa baguette et répara une dernière fois le tout.
L'heure sonna. Neuf coups. Dans sa tête, la voix de l'habitude lui souffla qu'il était l'heure d'aller ouvrir la boutique. Ce qu'il fit, sans voir aucun client venir dans la journée. La semaine suivante, il resta cloitré chez lui. Refusant de remettre les pieds dans leur chambre – sa chambre – il dormait là où la fatigue l'étreignait.

Parfois il rêvait d'elle. Qu'elle se blottissait contre lui la nuit, quand il venait enfin la rejoindre dans leur grand lit. Quand elle caressait son dos nu et qu'elle passait ses mains sur son torse avant de blottir son visage contre sa nuque, entre les deux omoplates... Ou quand elle dormait déjà et qu'il venait se mettre contre elle, enserrant son corps svelte entre ses bras et déposait un baiser dans ses cheveux... Tour ça ne se reproduirait plus jamais...
Parfois, c'était des cauchemars qui le manipulaient toute la nuit durant. Il se revoyait encore et encore, incapable de faire quoi que ce soit. Impuissant ce jour là. Détruit. Alors quand il se réveillait, à nouveau, il brisait tout. Encore et encore.

1991. Marc aurait reçu sa lettre de Poudlard cette année là. Ils auraient été tous ensembles au Chemin de Traverse pour acheter ses fournitures. Il aurait surement voulu un crapaud. Pour embêter sa mère et les filles à l'Ecole. Mais il aurait finalement pris un hibou, pour pouvoir envoyer plus facilement des lettres à ses parents sans passer par les oiseaux de l'école. Il aurait eu sa baguette. Il avait déjà un balais... Mais les premières années ne jouaient pas au Quidditch. Ils auraient ri en discutant à la terrasse d'un café.
Puis le 1er septembre, ils seraient allés à Londres pour l'emmener prendre le train. Amanda aurait pleuré en voyant son fils partir et Gamaël l'aurait prise dans ses bras en faisant au revoir de la main au garçon.
Il n'ouvrit pas la boutique de tout l'été, ni en septembre cette année là.
Il apprit également que le fils Potter rentrait également à l'école. Ca ne fit que lui rappeler comment il avait rencontré sa femme, comment lui il avait vécu heureux et sans se soucier de rien et comment plus tard on lui avait tout repris. Comme si le destin voulait se jouer de lui. Un petit jouet que l'on maltraite.

Le reste du temps, Gamaël vivait. Enfin, il survivait. Il ouvrait la boutique quatre jours par semaine. Il lisait et restaurait ses objets. Sans l'aide de la magie. Comme à son habitude, parce qu'il trouvait ça plus gratifiant. Et que cela augmentait la valeur de l'objet.
Ca faisait longtemps qu'il ne vendait plus ses antiquités. Il les échangeait. Contre autre chose de valeur ou contre des services. Au final, il ne faisait plus que du trafic d'objets, il marchandait d'autres choses plus ou moins matérielles. Sa clientèle n'était pas toujours des plus saines, mais jamais personne n'avait osé essayer de l'embobiner. Ou celui qui l'avait fait n'avait plus fait parlé de lui...
Il était devenu sec et sournois. Il n'était plus le jeune homme heureux d'avant. La vie n'avait plus aucun goût pour lui et sa magie et son commerce était tout ce qui lui restait. L'un nourrissait l'autre et vice versa.

Les années passèrent.
En 1995, il eu vent de ce qui s'était passé pendant le Tournois des Trois Sorciers. Lord Voldemort était revenu, d'après Potter et Dumbledore. La nouvelle ne lui tira qu'un léger frisson. Après tout, il s'en fichait. C'était grâce aux atrocités du Mage Noir qu'il avait rencontré sa femme. Mais aujourd'hui, ça ne voulait plus dire grand chose pour lui. Sauf que tout allait recommencer. Sans elle. Le temps passa, la nouvelle se confirma. Il était bien de retour.
Gamaël ne se cachait pas. Il continuait à ouvrir la boutique, pour les antiquités ou pour les autres services qu'il proposait à présent. Il avait toujours des clients. Ca ne cesserait pas. Cette fois, même si les antiquités n'avaient pas plus de succès que lors de la dernière guerre, ses services, quant à eux, c'était autre chose...

En 1997, Dumbledore est annoncé mort. Le grand directeur de Poudlard est mort. La nouvelle ne fait rien à Gamaël qui lit son journal tous les matins. Enfin, ses journaux. La Gazette du Sorcier et d'autres. Car il n'a jamais vraiment été fan de la Gazette. Encore moins à présent. Il connaissait Dumbledore uniquement parce qu'il était le directeur de l'école, mais en dehors de ça... Il savait aussi que sa famille avait habité Godric's Hallow également. Seulement la chute du grand sorcier allait faire pencher la balance du côté des Ténèbres... Gamaël ne savait pas si c'était bon ou mauvais pour lui. Ca ne ferait surement que multiplier les services qu'on lui demandait. Par conséquent, ça ne ferait qu'augmenter sa collection d'objets de valeur. Au final, ce n'était pas trop mal pour lui.

Aujourd'hui. Gamaël continue de tenir son commerce avec intelligence et manipulation. Son sourire jamais heureux et chacun de ses actes calculé.
Les Mangemorts ne sont pas encore venus le voir pour le forcer à rallier leurs rangs. Le jour où ils viendront, il leur faudra beaucoup pour que le sorcier accepte un échange. Il y a aussi de très grandes chances pour qu'il refuse le tout premier marchandage de sa vie. Peut être bien que c'est ce qu'il attend depuis dix ans. Une bonne raison pour trouver quelqu'un qui mettra fin à ses jours sans que ce ne ressemble trop à de l'aide au suicide.
En attendant, il lui vient peut être l'envie de ne pas rester tout le temps à Godric's Hallow...