« - Mais moi je suis bien avec toi...
- Mais moi je suis bien avec toi... reprit-il d'une voix niaiseuse. J'en ai rien à foutre que tu sois bien avec moi. Moi je voulais que tu sois avec moi, point. Le reste là, tes nuances, ton flou artistique, tes petits arrangements avec ton cul et ta conscience, tu te les gardes pour un autre nigaud. Celui-ci, il a tout rendu. T'en tireras rien de plus à présent et peux laisser tomber l'affaire, princesse... » ANNA GAVALDA


A MODIF AVEC NEW SWANN
Une histoire qui nait dans le bonheur devra inexorablement s'éteindre dans le sang et les cris. Selon Swann, il n’y a pas d’autres alternatives possibles. Pessimiste ? Point du tout, il est simplement désabusé et profondément tourmenté. Peut être aussi légèrement cinglé, cependant on ne peut lui en tenir rigueur, la vie l’a gravement abîmé. Né d’une famille de sang-pur, longue lignée regroupant de brillants descendants de Salazar Serpentard. Son père était un mangemort, un partisan du seigneur des ténèbres, dévoué et puissant. Quant à sa mère, c’était une sorcière appliquée à l’éducation de son jeune bambin. Elle tentait de s’éloigner le plus possible de ces sombres histoires. Du moins, c’est cela qu’il a toujours cru, et il n’acceptera aucune autre version. A l’abri, ou presque. La jeune femme, nommée Livia, est décédée en couche lorsque sa petite sœur Abigaël a vu le jour. Il avait dix ans, son monde venait pour la première fois de se morceler. Il a vu la mort en face, il était trop jeune. Le visage livide et la peau cireuse, un masque d'horreur sur celle qu'il avait aimé et vu comme la seule femme qui mérite son respect.
Dernier membre de la famille Blacklaw qu’il connaisse, était son grand père, dictatorial et insupportable, membre de l’ordre du Phoenix. Fier du cercle auquel on pouvait le rattacher, il a toujours eu l’obsession maladive d’y affilier ses petits enfants, à défaut de son fils (il ne lui avouera jamais son allégeance au seigneur des ténèbres, mais l'ancêtre n'était pas stupide, et connaissait son fils mieux que quiconque). En vain. Le père de Swann, après la mort de sa tendre génitrice -l'a soumis avant même que leur deuil ne se fasse - aux fondements et aux directions qu’un homme doit prendre. Le conditionnant à devenir un serviteur de Lord Voldemort, lui inculquant les sortilèges interdits, la magie noire sous toutes ses formes et ses coutures. Une discipline de fer, dans un gant de velours. Le petit est un prodige, assimilant très vite ceux que l'on aurait dû à jamais lui dissimuler. Détenteur d’un talent certain pour l’occulte et les ombres, dont chaque sorcier devrait s’éloigner avant qu’il ne soit trop tard. Swann a été bercé dans ce réseau discret et mauvais, ne lui laissant d’aucune façon la possibilité de s’échapper plus tard. Non, pour l’adorable enfant, il n’y aurait pas de moyens de faire marche arrière. Le destin l'avait décidé ainsi. Malgré les protestations virulentes de Ptolémius, l'ancêtre et membre de l'Ordre du Phoenix. Deux clans opposés sous le même toît, et un gamin au milieu qui suivra les traces de son géniteur.
Lors de la chute du seigneur des ténèbres, son père fut executé par des oraurs sur ordre du ministère. Swann ne le revit plus jamais. Pas même sa dépouille. Il était alors un adolescent. Fougueux et sans pareils, ses troubles se sont nettement amplifiés, et le gamin s’est refermé sur lui-même tout en feignant le contraire. Amateur de faux semblants et de discorde, il excelle dans les jeux d'apparences. Cogitant extrêmement, paraissant inlassablement détaché de tout et de tout le monde. C'est un sale petit con, qui fait autant jubiler qu'il parvient à charmer. Si son grand père a tenté de le détourner du chemin absurde et fondamentalement mortel sur lequel son paternel l’avait poussé. Il était hélas déjà trop tard pour Swann, qui était une cause difficile, un môme abandonné, une âme en perdition. Perdu, il va chercher à se raccrocher à quelque chose, n’importe quoi. Pourvu qu’il ne plonge pas totalement dans cette mer noire et déchainée qui agite son esprit.
Ce sera en sa petite sœur Abigaël qu’il verra son salue. Petits déjà, les deux enfants étaient inséparables. Swann n'en a jamais voulu à Abigaël pour le trépas de leur mère, que du contraire. Il l'a chéri et cajolé deux fois plus, comme espèrant pouvoir lui donner ce qu'elle n'aurait jamais de la part de Livia. Le lien ne fera qu’incontestablement se renforcer. Abby, comme il la surnomme, deviendra rapidement sa lumière au fond du tunnel. Sauf que les années avancent, que le temps file à toute allure. Et les disputes qu’avaient le père et le fils, se reportent telle une malédiction entre le grand père et le petit fils. Swann ne supportant pas l’autorité et les croyances inébranlables de l’ancien, tandis que l’autre ne peut encaisser le fait que la progéniture de son fils devienne une ordure comme l’a été la sienne. Les crises monteront graduellement en violence, jusqu’au jour fatidique, où Swann accompli la pire de toutes les erreurs. Il a à l'époque vingt-cinq ans. Il la garde en cauchemar, il se hait depuis cet instant. Il a décidé de ruiner son existence afin de se punir. Il n’aura plus qu’une certitude en tête, il doit mourir afin de payer sa dette. Celle d'avoir assassiner son ainé. L'acte (et ceux qui suivront ne feront que renforcer la chose) lui vaudra au sein des partisans de celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom, le pseudonyme du "chien noir". Puisque Swann est un animagus depuis son plus jeune âge, un loup noir, que l'on compare trop rapidement au sinistros. A tord ? Il ne se pose pas la question, il n'en a cure.

EPISODE 1 - PTOLÉMIUS ET LE GROS CHIEN NOIR
UNDERCO