« Alors Ginevra, racontez moi depuis le début. »
« C’est Ginny ! »
Je me mis à penser à mon enfance, cette femme était moldue, je ne pouvais rien lui dire de compromettant, il ne fallait pas qu’elle sache l’existence du monde magique.
« Ma mère m’a raconté que j’étais une enfant joyeuse, impatiente et adorable. Je me souviens aussi de mon plus grand rêve à cette époque, celui d’aller à l’école. »
Une école très sélecte, une école de sorcellerie, Poudlard était l’endroit où je rêvais d’aller. Pendant plusieurs années j’ai dû regarder mes frères y aller, à chaque année il y en avait un de moins qui restait à la maison avec moi. Jusqu’à ce que moi aussi j’y sois acceptée. Je me souviens aussi du jour où j’ai reçu ma lettre. Le hibou la tenait dans son bec, ma mère l’a prise et l’a lue en souriant. J’étais comblée, mon plus grand rêve allait se réaliser, j’allais enfin pouvoir voir de mes propres yeux ce dont on me racontait depuis que j’étais toute petite. Je me voyais toute émerveillée lors de la journée où nous sommes allés chercher mes livres et tout le matériel scolaire que j’aurais besoin. Le jour de la rentrée approchait à grands pas, j’avais tellement hâte! Jamais je ne me serais douté de ce qui se tramait et de ce qui se passerait. Ce jour-là, sur le chemin de traverse, je n’avais pas remarqué que Lucius Malefoy avait glissé sans que je ne le remarque un livre dans mon chaudron. C’était un journal, pour que je puisse y écrire. Arrivée à Poudlard j’avais cru que c’était ma mère qui me l’avait donné. Au fil des semaines, j’y avais écrit mes problèmes, ma vie à Poudlard quoi. C’était mon journal intime.
« À l’école, vers mes onze ans, j’ai commencé à avoir des troubles de mémoire. Je ne me souvenais plus de ce que j’avais fait la veille et ce à plusieurs reprises. »
Un jour, alors que j’écrivais, l’encre s’est mise à disparaître, puis mon journal m’a répondu. J’ai eu très peur à ce moment-là, mais en même temps cet ouvrage magique me fascinait. Je me suis laissé charmer par Jedusor, mais à ce moment-là je ne savais pas que c’était lui. À la longue, il a fini par me posséder, il m’a obligé à faire des choses horribles dont j’ai honte à présent. Il m’a fait ouvrir la chambre de secrets dont je ne connaissais pas l’existence auparavant. La plupart des choses qu’il me faisait faire, je ne m’en rappelais plus après. Je n’avais que quelques images, mais c’était tout.
« J’avais très peur, c’était très déroutant de perdre la mémoire ainsi et sans que personne ne puisse m’aider. En plus il y avait un garçon, il avait une influence mauvaise sur moi. »

C’est alors que je me suis dit que si je me débarrassais du journal, il pourrait arrêter d’avoir une certaine emprise sur moi. Mais c’était faux, je continuais à être influencée un peu.

« Je crois que je ne m’en suis jamais remise de cette épreuve, toute cette influence qu’il avait sur moi. J’en ai gardé des cicatrices que je n’ai pas pu guérir, même pas avec un autre garçon que j’aimais. »

J’avais pourtant essayé de les guérir, avec Harry. Mais lors de ma troisième année, quand il a participé au tournoi des trois sorciers, dans l’épreuve du labyrinthe, tout a changé. Lorsqu’il est revenu du labyrinthe avec le corps de Cédric, mon cauchemar a totalement recommencé, parce que ce n’était pas Harry que je voyais, mais Jedusor. J’ai eu peur, peur de ce qui m’arrivait. Étais-je amoureuse d’Harry ou de Jedusor ? Pour qui avais-je des sentiments, cette âme qui m’avait influencée toute une année ou Harry qui avait changé ces derniers temps ? Peut-être c’était des deux garçons.

« Encore aujourd’hui, alors que j’ai dix-sept ans, je ne peux pas m’échapper de l’emprise que les deux hommes ont sur moi. Même malgré tout ce mal qu’ils me font, je ne peux pas. »

La différence aujourd’hui, c’est que cette emprise qu’ils ont, elle est commune. Je ne comprends même pas ce qui arrive, peut-être suis-je rendue folle.

« Mais il y a un de mes amis, qui m’a toujours aidé, et sur qui je sais que je peux compter. Il est un peu comme mon seul espoir, la seule personne qui tienne réellement à moi, à part peut-être mes parents. »
Neville, il était amoureux de moi, mais maintenant il est comme mon frère. Il est toujours là pour moi, il me protège même. S’il n’était pas là, je serais encore dans le piège des deux hommes. Mais je n’y suis plus, enfin je crois. Parce que j’ai toujours une certaine fascination envers eux.
« J’ai entendu des gens parler de moi, ils disaient que je n’étais plus que l’ombre de la fille que j’avais été auparavant. Avant, on dit que j’étais une jeune fille pleine de joie de vivre, qui mordait dans la vie et qui était pleine de courage. Maintenant, je ne me reconnais même pas dans cette description qui fut jadis moi. »
« Ginny, on m’a dit que vous vous faites du mal, physiquement, à vous-même. Est-ce vrai ? »
Oui, oui ça l’étais. Ma baguette, elle peut faire bien des choses. Des choses comme me blesser intentionnellement. Je ne sais plus où j’en suis, j’ai mal. Je souffre terriblement, je ne sais pas comment m’en sortir. Je me fais mal, parce que je le sais que je le mérite. Je ne suis qu’une pauvre fille, qui ne mérite que de mourir en fait. Je ne sais plus, Harry, est-ce que je l’aime encore ou si je le déteste ? Je ne sais pas quoi en penser et personne ne peut m’éclairer là-dessus. Il m’arrive de le croiser à Poudlard, je baisse les yeux à chaque fois que je le vois, j’essaie de faire en sorte qu’il ne me voie pas. Je le fuis, parce que je ne sais rien sur mes sentiments pour lui. Par contre, il y a des fois où je ne peux pas m’enfuir, où je suis obligée de l’affronter. Ces fois-là, j’ai les larmes aux yeux et je n’arrive pas à dire un seul mot. Je ne sais pas comment l’expliquer, mais il a un pouvoir énorme sur moi. Je n’ai pas la force de le combattre ni de me réveiller, c’est dur, trop difficile à faire.
« Ginny, est-ce que vous m’entendez ? »
De l’autre côté, il y a Tom. Cet être que j’ai appris à connaître aux travers d’un journal intime. Jamais je ne le verrai comme étant Voldemort, pour moi, il est juste Tom. Je l’ai vu une fois, mais j’y ai alors reçu un sortilège qui m’a empêché de faire et dire quoi que ce soit. Je ne sais pas s’il se rappelle de moi, ou s’il me porte un infime petit intérêt. Personnellement, je ne peux pas l’oublier. C’est encore pire quand je le vois en Harry, les deux ensembles représentent l’homme de rêve, mais aussi l’homme d’un cauchemar horrible.
« Je ne veux pas en parler. »
« Alors parlez-moi de vos amis, mis à part ce garçon sur qui vous pouvez compter, y en a-t-il d’autres? »
« Oui, il y a deux filles, deux amies. L’une est plus proche de moi que l’autre. La première, Luna qu’elle s’appelle, elle est un peu bizarre mais je l’apprécie quand même. Ça m’apaise quand elle est là, elle me fait penser à autre chose. Elle me change les idées comme si elle savait que j’en avais besoin, elle ne me pose jamais de question et n’essaie pas de me faire parler. Elle se fout de parler seule, elle sait que je l’écoute, même si je ne parle pas. Et puis il y a Charity. Elle, elle me comprend. Elle n’a pas eu une vie facile elle non plus. Elle a passé par ce que je vis en quelque sorte, sauf qu’elle, elle a mieux réagi que moi. Je l’ai connue au bal de noël quand j’avais treize ans et depuis nous sommes amies. Nous n’étions pas super proches, mais quand elle a vu comment je n’allais pas bien, elle s’est fait du souci pour moi et elle tente de m’aider. Charity a même fait quelques devoirs à ma place quand j’étais déprimée. Elle m’aide énormément et je tiens beaucoup à elle. »
« D’après vous, pourquoi vous aide-t-elle ? »
« Parce que moi je l’ai aidé auparavant. Elle m’avait parlé de ses problèmes et je l’ai aidée à couper les ponts avec ce qui lui faisait du tort. »
« Maintenant, vous n’avez pas vraiment le choix Ginny, il faut que vous me parliez de ces blessures que vous vous infligez… »
« Ginny ! Ginny reveille-toi on va être en retard pour le cours ! »