❝ Рабы рождают рабов. Нечего сказать ...

La pluie tombait dru ce soir là sur l’île, et le ciel – au moins aussi noir que l’âme de ceux qui peuplaient cette tristement célèbre forteresse – semblait déverser à l’infini ces minuscules gouttelettes, des larmes comme le disait la légende, les larmes de ceux qui n’avaient pas su trouver le chemin de la rédemption, ceux dont l’âme s’était desséchée entre ces murs.
Vêtu d’une simple tunique, une sorte d’affreux pyjama couleur de sable, il est assis dans un coin de cette cellule, adossé au mur humide. La lumière diaphane de la lune perce à peine à travers les meurtrières, il fait un froid glacial, les détraqueurs rôdent, aspirant sur leur passage toute sensation de bonheur, d’espoir, tout ce qu’il avait pu rassembler comme souvenirs heureux était balayé, effacé aussi facilement qu’une inscription dans la farine. Les idées noires se succèdent à la place, pire encore, même les images qui auraient dû lui mettre du baume au cœur sont un supplice parce que la possibilité se dresse devant lui, imposante, qu’il ne les revoie jamais. Il voit leurs visages, celui d’une femme d’une rare beauté, aux cheveux bruns comme le chocolat et aux yeux d’un bleu aussi profond que l’océan qui les sépare, celui d’une petite fille de 4 ans, malicieuse et déterminée, avec le même rictus que lui au coin des lèvres…
L’image se brouille... le décor est de nouveau sombre, il fait sûrement froid puisque les gens ont des manteaux de fourrure, d’ailleurs une épaisse couche de neige brille sous le soleil du matin. Il ne doit pas être plus de 7h, dans la maison, des bruits de pas résonnent sur le plancher en bois, ils se rapprochent d’un lit d’enfant. Une femme se penche et murmure quelques mots à son fils et ce dernier se lève. Pas moins d’une heure plus tard, ils sont sur la route, sans un mot ; il se retourne vers elle et remarque une larme silencieuse coule le long de sa joue. Un train, la fumée de la cheminée éjecte un nuage noir, un sifflement retentit, signe d’un départ imminent. Elle détache son pendentif et le passe autour du cou du jeune garçon et part sans se retourner.

Un bruit le rappelle à la réalité, ce sont des pas… une silhouette féminine apparaît dans l’encadrement de la porte, faisant craquer le plancher. Il range la pensine et se retourne vers elle, regarde son visage et esquisse un sourire. Fier. Il sait qu’il a manqué une grande partie de sa vie, mais il ne peut s’empêcher d’admirer la jeune femme qu’elle est devenue, forte et sûre d’elle mais au fond encore fragile, comme la petite fille qu’il a quitté avant d’être enfermé à Azkaban. Elle est ce mélange de feu et de glace qu’elle l’était de son vivant et qu’il avait tant aimé. Ils ne sont plus que tous les deux, ils ont du temps à rattraper et il s’en fait la promesse muette, il ne laissera rien les séparer à nouveau.