" Raconte moi une histoire..."

Elle hésita un court instant, le coeur au bord des lèvres, profondément émue par le courage qu'elle lisait dans le regard de la douce petite fille allongée, les traits tirés, la peau écorchée, ses longs cheveux blonds bouclés aussi dorés que le soleil retombant en une trop lourde cascade sur ses maigres épaules, avant de se reprendre. Elle n'avait pas le droit de faiblir maintenant, pas tant que cette jeune fille avait besoin d'elle, pas tant qu'elle pouvait encore faire quelque chose pour l'apaiser. Refoulant la douleur lancinante de cet injuste spectacle, elle hocha lentement la tête, un sourire tendre et malgré tout sincère sur le visage.

" Bien entendu, quel genre d'histoire?"

Son regard se voila un moment, songeur, alors que son esprit se concentrait pour trouver la réponse. Et après être sortie de ce qui semblait bien être une réflexion trop grave et trop sérieuse pour une si jeune personne, elle ancra son regard d'azur au sien et lui répondit avec une conviction inattendue

"La tienne"

A nouveau désarconnée, elle ne réagit pas immédiatement, hésita, croisa encore une fois la force déstabilisante enflammant ses prunelles, et laissa un rire doux et mélancolique franchir la barrière de ses lèvres. Elle ne se souvenait pas avoir jamais vraiment parlé de sa vie à qui que ce soit et c'était une demande pour le moins étrange, d'autant plus de la part de cette jeune inconnue. Mais cela semblait tant lui tenir à coeur... Et puis elle n'avait pas grand chose à perdre. Elle ressera précautionesement ses doigts autour de la main fragile et fébrile de la fillette, prit une longue inspiration exagéré qui fit sourire son interlocutrice et se lança dans son récit.

" Alors par ou commencer...Tu le sais déjà mais je m'appelle Sarah, Sarah Alice Parker. Je suis née cela fait maintenant 29 ans, un 16 mai plus exactement. Ma mère me disait souvent que c'était très beau jour, emplie de soleil et des santeurs du printemps. C'était à Londres bien sur. Ma mère est née et à grandit à Londres elle aussi, je crois qu'elle a de lointaines origines Allemandes mais je n'en suis pas certaine. Et mon père...en fait c'est une bonne question. Il est partie avant ma naissance, ma mère m'a souvent répété que c'était un homme bien, qu'il l'avait fait pour moi. Peut-être que c'est vrai, peut être pas. En fait, si tu veux tout savoir, je cherche encore à le retrouver aujourd'hui. "

L'enfant la fixait, semblait boire chacune de ses paroles, tandis ce que les souvenirs affluaient à une allure affolante dans la mémoire de la jeune sorcière. En silence, elle revoyait sa petite maison, ses escapades nocturnes dans les rues de Londres, les sourires, les jeux. Tout cela remontait à si loin aujourd'hui, et pourtant les évoquer avec ces mots si simples offraient à ce doux passé une saveur de bonheur trop rare. Elle revoyait aussi la tristesse le soir qui venait assombrir le regard de sa mère, à cette époque ou elle ne comprenait pas encore les véritables douleurs que la question de son père pouvaient bien cacher. Elle était encore jeune à l'époque, et elle n'avait pas vraiment cherché, pas vraiment essayé ni vraiment remarqué que quelque chose n'allait pas. Bien sur, elle avait sentit que les choses n'étaient pas si simples, mais s'était peu à peu faite à l'idée de la mort de son père. De toute façon, mort ou pas, à ses yeux de petite fille, cela n'avait pas vraiment d'importance, cela ne faisait pas vraiment de différence. Car dans tous les cas,, le fait était qu'il n'était pas là, et qu'il fallait continuer à vivre malgré tout. Elle fut tiré de ses pensée par une voix faible et éraillée emplie de curiosité.

" Et tu as reçut ta lettre toi? "

Un nouveau sourire, franc et complice cette fois éclaira ses traits. Comme elle se retrouvait dans l'impatiente frénésie et l'émerveillement qui brillait dans les yeux de cette petite fille. Elle aussi avait été exactement pareille. Elle se rappelait comme d'hier des ces soirée passer à écouter les fantastiques histoires de sa mère sur l'école de sorcellerie, de l’excitation qu'elle avait ressentit la première fois ou avec Adrian, son ami d'enfance, elle avait utilisé la magie, de l'attente insupportable lors de son 11ème été. Le genre de souvenirs innocents et trop précieux qui restent gravés dans le coeur de chacun.

" Oui bien sur, tu ne peux même pas imaginer combien mon ami et moi, nous étions impatients cet été là, nos parents n'arrêtaient pas de répéter que si on continuait à s’exciter comme ça on finirait surement par faire exploser la maison avant d'avoir pu prendre le train! "

Leur léger éclat de rire complice résonna contre les murs de la chambre. Avec un air rêveur, la fillette lui demanda timidement

" Et Pourdlard? C'est vraiment aussi magnifique que le dit maman?"

Elle hocha la tête en fermant les yeux afin de dissimuler le pincement de coeur que la mélancolie résignée de sa voix avait provoqué en elle et se força à sourire à nouveau tout en se rapprochant légèrement de l'enfant, comme pour lui communiquer la chaleur de ses souvenirs, laissant sa voix faire transparaître l'enchantement qui l'avait envahi le jour ou elle avait posé les pieds dans la grande salle pour la première fois de sa vie.

" Oh oui...oui c'est ...c'est comme tu te l'ai imaginé toutes les nuits en te couchant, mieux même! C'est un peu effrayant bien sur, mais à la fois si incroyable. Tu là, dans cette salle immense, face à tous les autres et pourtant tu ne peux que rester ébahi face à la beauté du spectacle. Et tu sens chaque battement de ton coeur plus fort alors que tu avance. C'était il y a des années pour moi, mais c'est un moment que l'on oublie pas. Jamais. Crois moi. Je crois que c'est ce qu'on peut appeler un moment magique. "

" Et tu n'angoissais pas de ne pas aller dans la bonne maison Madame? "

" Beaucoup d'entre nous avait la pression bien sur, il y en avait qui étaient absolument terrorisés à l'idée d'être envoyés dans une autre maison que celle qu'ils espéraient. Mais moi, pas vraiment. Je n'ai pas d'autre famille que ma mère, personne pour attendre quelque chose de moi, alors je ne pensais pas à cela. Peu importe ou j'étais envoyée, ça me convenait. "





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