« Peux-tu sourire un peu ? Je ne sais pas, fais quelque chose ! Mais tu m’agaces à rester comme ça ! ». La brune n’en dit tout de même pas plus, elle fixe le jeune garçon en face d’elle, réfléchissant entre hurler de rire ou tout simplement faire demi-tour. Les anniversaires ? D’un ennui ! Elle ne sait pas ce qu’elle fiche ici, elle voudrait être à ce bal donné par le Lord noir, sa tante lui a raconté tellement de choses à ce sujet ! Son père a néanmoins insisté formellement, elle a des obligations. Quelles types d’obligations, aussi «  passionnantes » soient-elles, peut-être plus importante que de se rendre auprès de son futur maître ? Mais il ne faisait aucun doute, que l’idée venait de la gouvernante. Oui, elle avait 18 ans, et les familles un tant soit peu respectables ne coupaient à aucune de ses anciennes et vielles traditions : Le mariage. Avoir un futur époux. La blague, autant embrasser son cousin Malefoy pendant qu’il y était ! «  Tu m’excuseras, mais toi et moi, ça marchera jamais ! ». Voilà, première chose réglée ! Maintenant, la seconde. Trouver comment s’enfuir d’ici, et au plus vite.

****

«  Accio bralais ! ». Les mains tremblantes, la jeune fille attendait derrière les buissons, dans la pénombre, elle s’ennuyait déjà terriblement, sa fuite était ennuyeuse. Pathétique, vraiment. Elle attendait, encore et encore, et ce foutue balais ne daignait pas de venir. Ses tremblements n’étaient pas dûs à l’angoisse, mais à l’alcool qu’elle avait ingurgité pour faire passer le temps, quant à ses nausées, elle ne l’aideraient pas à tenir sur un balais. Elle avait dit quoi déjà ? Non, la formule n’était pas bonne, son balais ne viendrait pas, et c’était mieux ainsi. La bonne question était, comment rentrer chez elle ? Son cerveau et trop embué pour qu’elle transplane. Elle s’allonge dans l’herbe, sent l’odeur des feuilles et de la pelouse humide qu’elle effleure du bout des doigts. Sent le vent qui effleure ton âme, du haut des montagnes noires.


« Sent-le, Antanazie. Juste là, au creux de ton ventre ». Lui demande sa tante d’un air serein qu’elle n’accorde qu’à peu de personnes. La jeune fille aurait habituellement protesté contre l’appellation de son premier prénom, mais n’en dit rien, pas à elle, jamais. Elle s’applique alors avec soin, l’art du transplanage, pas le ridicule petit tour sorcier qu’utilisent les pauvres sans cervelles, non, le vrai. Celui fait de magie, la vraie magie, sombre, envoûtante. Les roches sur lesquelles elle se tient droite, au bord d’une falaise faisant face à une mer acharnée, ne l’aide pas. Les bourrasques manquent de la faire tomber à chaque fois qu’elle tente de pivoter autour d’elle-même. Un mouvement qu’elle trouve un peu absurde. Le point de mire est loin d’être une partie plaisir, sa tante ne lui demande pas d’atterrir un mètre plus loin sur terre ferme, non, elle lui ordonne de filer tel un oiseau enroulé dans sa fumée noire la minuscule île quelques centaines de mètres au-dessus de leurs pieds, qu’elle visualise à peine. «  Ne t’attends pas a réussir du premier coups, tes nombreux échecs sont le lot de chacun ». Bien étrange comme paroles. «  Pas des Lestranges ! ». Grogne-t-elle avec fierté. Le rire hystérique qui secoue la brune à la chevelure folle est à peine perceptible tellement le vent souffle fort. «  Tu n’es qu’une enfant ! Allez, concentre-toi ! Ne doute jamais de tes capacités, mais les surestimes pas, tu sais ce que je t’ai déjà appris à ce sujet ! ».

Elle peut plonger, le vent la retiendra, elle peut fléchir, il la soutiendra, elle peut soupirer, il l’en empêchera. Oui, c’est facile. Son cœur bat la chamade, tandis qu’elle recule légèrement, s’avance, prend son élan et tourne en se concentrant sur l’endroit où elle désire être. C’est une sensation inimaginable, insupportable et incroyablement libératrice. Elle voit les vagues, mais n’a pas le temps de s’y attarder, car c’est l’île qui prône dans son esprit, cette petite île douce, l’herbe fraîche sous ses pieds nus la chatouille. Elle a réussi, les rires hystériques de sa tante, plus fort que les précédents à tel point qu’il brise le mur du vent le lui confirme.


White ouvre les yeux, un sourire naissant sur ses lèvres, elle a rêvé de son premier cours de transplanage, elle souffle longuement, oui, comment peut-elle être aussi bête. Elle se relève, se tient droite, range sa baguette et prend son élan avant de tourner sur elle-même. Le mur rococo noir de la tapisserie de sa chambre lui fait face. Elle va pouvoir se rendre à la soirée, sa gouvernante n’en saura rien, et son père lui n’en dira rien non plus. Mais l’heure indiquée par l’horloge lui indique qu’il est plus d’une heure du matin. Avec un soupir contraint, elle se laisse tomber, se disant que la prochaine fois, elle ne le loupera pas.