◊ IL ETAIT UNE FOIS...

Quand il a commencé à avoir des trucs étranges qui se passaient autour de moi, j'habitais encore en Australie, même si nous sommes partis peu de temps après vers l'Angleterre, mais les deux évènements n'étaient pas liés. À vrai dire, je ne sais plus trop pourquoi nous sommes partis du Queensland pour le Devon mais bon, ce n'est pas très important en soi.
Quand les choses étranges ont commencé à se produire, je me souviens que mon grand-père a été le premier à le remarquer, enfin, surtout à remarquer que ces choses venaient de moi. Que c'était moi qui les produisaient. Peut être pas volontairement, mais c'était bel et bien grâce à moi que des choses s'envolaient parfois dans une pièce. Et puis il se souvenait aussi des histoires de son propre aïeul qui lui avait raconté que ce genre de choses lui étaient arrivées et qu'il avait été choisi pour devenir mage de la tribu. Moi, gamin, j'étais près à croire tout ce qu'il me disait. Parce que quand on est petit, vous savez, on rêve tous d'être différents des autres. Et puis j'aimais croire que comme ça je me rapprochais aussi de mes racines australiennes. Peut être qu'un jour on m'accepterais comme mage moi aussi, dans cette vieille tribu qui se cachait dans les forêts.
Mais mes parents n'y croyaient pas trop. Et je finis par croire qu'ils avaient raison quand une courte période se passa sans que rien ne se manifeste autour de moi. Jusqu'au jour où, en se promenant dans les bois, en famille, pendant que mes grands-parents gardaient ma petite sœur, il se passa un truc qui nous laissa tous les trois sans voix. Enfin, c'était un truc qui finit par nous faire croire à tous que j'avais bien quelque chose de spécial en moi. Ce moment là est assez flou dans ma tête à présent, mais je me souviens du bonheur que j'ai ressenti quand j'ai finalement été sûr d'être différent mais surtout quand j'ai vu que mes parents acceptaient très bien cette différence.
C'était vers la fin de mes huit ans, si je me souviens bien. Le déménagement était déjà prévu depuis quelques mois, et nous sommes vite arrivés en Angleterre.
Après, j'ai eu neuf ans – logique – et je me faisais doucement à ma vie dans ce petit village où nous habitions maintenant. L'avantage, c'était les grands champs tout autour où je pouvais aller me promener, et le petit bois ; même si ce n'était pas vraiment comme en Australie, mais c'était toujours ça. Nous aurions pu habiter en ville où j'aurais très certainement du me rabattre à l'escalade d'immeubles...
Puis quelques années passèrent, en 1988, j'ai eu onze ans, je suivais toujours l'école Moldue jusque là. Je n'avais même pas idée qu'une école pour sorciers existait de toute manière. À la fin de l'année scolaire, donc à peu près trois mois après mon anniversaire, nous sommes retournés en Australie comme nous le faisions tous les ans. Sauf que maintenant, on habitait ce temps-là chez mes grands-parents parce que forcément, on avait vendu notre maison. C'est quelques jours après notre arrivée là-bas que j'ai reçu la lettre.

Mr Benedick Joseph Forth
Deuxième chambre à droite, 1er étage
Mary Street, 13
Torrens Creek
Australia

Spoiler:

J'étais très surpris, moi qui ne connaissais même pas l'existence de cette école, mais j'étais aussi très heureux que malgré le fait que je n'étais pas vraiment issu d'une famille de sorciers, je sois accepté à cette école. Et puis... peut être que si je n'avais jamais quitté l'Australie, je n'aurais pas pu recevoir cette lettre... Je ne savais pas si il y avait d'autres écoles comme celle-là dans le monde et peut être qu'en Australie, il n'en avait pas. Enfin bref, j'étais content, et mes parents qui avaient lu la lettre par dessus mon épaule parce qu'ils trouvaient bizarre qu'il y ai du courrier le dimanche furent très heureux eux aussi. Avec la lettre, il y avait la liste des fournitures à acheter avant la rentrée et puis un billet de train.
Nous sommes donc rentrés un peu plus tôt que prévu en Angleterre pour nous rendre à Londres et faire mes achats. Mes parents eurent le droit de venir sur le Chemin de Traverse parce qu'ils étaient parents d'un jeune sorcier, mais je crois bien que sinon les personnes sans pouvoirs magiques ne peuvent pas venir à cet endroit. Enfin bref. C'est là bas que j'ai reçu ma baguette magique, mes robes de sorcier, mes livres, et tout le reste. Ainsi qu'un hibou, pour que je puisse facilement communiquer avec mes parents quand je serais à l'école.

◊ LE POUDLARD EXPRESS ET POUDLARD...

Je me souviens bien, quand j'ai pris le Poudlard express pour la première fois, je devais peut être bien être le seul à venir avec un sac de randonnée, sur le dos, plutôt qu'avec une malle. Je n'avais toujours eu que ça comme sac de voyage et je trouvais ça en plus drôlement plus pratique. Cependant, j'avais quand même du prendre un chariot, pour poser la cage de mon hibou dessus. Je n'avais pas trop envie de le tenir à la main tout le trajet dans la gare jusqu'au train.
Tout comme au Chemin de Traverse, je restais émerveillé devant ce nouveau monde qui s'offrait à moi et la file de jeunes – et moins jeunes – sorciers accompagnés de leurs parents qui empruntaient le passage dans le mur entre la voie 9 et la 10. Ca aussi, ça me stupéfiait. Je fermais les yeux bien fort au moment de passer, au fond de moi, j'avais quand même peur de m'écraser contre les briques, même si j'avais déjà vu tout un tas de sorciers le faire avant moi. Mais comme prévu, je passais sans encombre et rejoignais le train, puis choisis un compartiment encore vide où m'asseoir.
Mais je ne restais pas seul bien longtemps. Quelques autres futurs élèves vinrent me rejoindre et nous passâmes le trajet avec bonne humeur. Certains d'entre eux étaient des sorciers d'une longue lignée magique, d'autres avaient un parent Moldu et l'autre sorcier, ou, comme moi avaient leurs deux parents dépourvus de pouvoirs magiques. On se montra nos baguettes en les comparant un peu, d'après ce que Ollivander nous avait dit dessus et ce que les autres savaient. Il y avait aussi deux élèves plus âgés, qui portaient déjà les robes de leur maison et qui discutaient entre eux près de la fenêtre et nous faisaient parfois rire en lançant un sort dans le compartiment.
Je dormis ensuite une partie du chemin, les allers-retours Australie-Angleterre n'étaient pas vraiment reposants, surtout quand on ne prenait pas le temps de dormir un peu et qu'on était hyperactif à découvrir un nouveau monde jusque là inconnu, mais si proche pourtant.

Arrivée à la gare, nos bagages partirent d'un côté, et nous de l'autre. Je regardais mon sac et mon hibou filer, la gorge un peu serrée, j'aimais bien garder mes affaires près de moi. Entre temps, mes amis – futurs premières années – et moi avions enfilé à notre tour les robes de Poudlard, mais elles n'étaient pas encore aux couleurs de nos maisons et nous nous dirigions à la suite d'un homme très grand et très carré, dénommé Hagrid, qui nous conduisit jusqu'au lac où nous montâmes dans des barques qui se mirent à avancer toutes seules. Il faisait nuit, nous étions éclairés par des lanternes et nous pouvions admirer le château, avec ses lumières, se refléter dans l'eau sombre du lac. C'était tout simplement magnifique.
Après, nous arrivâmes dans le Château, mais on nous arrêta aux portes de la Grande Salle. C'était le Professeur McGonagall qui nous parla rapidement et jetait des regards noirs à ceux qui osaient chuchoter alors qu'elle avait la parole. Puis nous entrâmes tous, un peu surpris, impressionnés, par la grandeur qui se dégageait de l'endroit. Nous allions être répartis dans nos maisons. J'espérais que les amis que je m'étais fait dans le train allaient être avec moi, mais sinon ce n'était pas trop grave, on se retrouverait plus tard et aurait encore plus de choses à se raconter !
Il y eu parmi mes amis deux Gryffondor, un Serpentard, un Serdaigle et deux autres amis – dont un certain Cédric Diggory – furent à mes côtés à la table de Poufsouffle. Ainsi commençait une des périodes les plus magiques – c'est le cas de le dire – de toute mon existence.

◊ L'ANNEE OÙ TOUT BASCULA...

On est en 1995, c'est ma dernière année à Poudlard, ça fait quatre ans maintenant que Harry Potter, petit gars célèbre chez les sorciers est entré à l'école. En amenant avec lui un sacré lot de choses bizarres et potentiellement dangereuses et Granger (enfin, vous savez, j'ai un faible pour les filles intelligentes)... Cette année-là, il y a aussi eu le Tournois des Trois Sorciers. Mon ami Cédric y a participé, moi je n'ai même pas mis mon nom dans la coupe. Je ne pense pas que j'aurais réussi, et je pense, en voyant après les épreuves qu'ils ont eu, que en effet, j'avais eu raison. Mais j'ai passé mon temps libre à aider Mme Pomfresh à l'infirmerie, et j'ai adoré ça !
Et puis est venue la dernière épreuve du tournois. J'attendais, un peu inquiet que mon ami ressorte du labyrinthe. Je crois que au final, j'aurais aimé qu'il n'en ressorte pas, si ça avait voulu dire qu'il était encore vivant... Je crois que quand Potter et lui sont réapparus devant les gradins, quand je me suis rendu compte que Cédric était mort.. je... j'ai du crier aussi fort que son propre père... Cédric était mon ami depuis sept longues années et maintenant, une partie de moi réalisait que je n'allais plus jamais pouvoir le revoir et rire avec lui, partager nos souvenirs de vacances après les deux mois d'été... J'ai bousculé les membres de ma maison qui me séparaient du petit espace d'herbe où il reposait, je voulais m'approcher, je voulais voir que mes yeux me mentaient mais les professeurs arrêtaient tous les élèves qui voulaient s'approcher d'avantage. Les filles de Beauxbâtons gémissaient, se détournaient, les autres hurlaient ou se taisaient dans la pâleur de leur visage. Et j'entendais Potter moitié gémissant, moitié criant qu'il était revenu, qu'il avait tué Cédric et que mon ami lui avait demandé de ramener son corps... De mon côté, j'hurlais et me débattais encore quand Fol' Oeil emmena Harry plus loin.
Puis, résigné, je suivais le mouvement de foule des élèves qui se faisaient ramener au Château...

Plus tard, quand l'école fut définitivement finie et que je commençais à travailler à Sainte-Mangouste, j'ai entendu parler de l'Ordre du Phénix, qui avait déjà combattu Voldemort par le passé s'était reformé, alors je me suis rallié à eux, pour les aider à soigner leurs blessés, pour qu'ils puissent profiter de mon habilité à jeter des sorts de protection. Pour que personne ne ressente plus ce que j'ai ressenti en voyant Cédric mort, étendu dans l'herbe, secoué par son père, inerte...