La nuit a enveloppé Godric’s Hollow et la tragédie qui vient de s’y dérouler n’a aucunement altéré le calme qui y régnait. Ce soir là pourtant, la communauté magique vient de connaître l’un de ses plus gros coup de théâtre, un nourrisson vient d’anéantir celui que tout le monde s’accorde à qualifier de « plus grand mage noir de tous les temps ». Mais ce soir là, c’est le cadet des soucis de Severus Rogue. Ce soir là, pour l’impassible Maître des Potions, la coupe est pleine. Lorsqu’il se retrouve devant le cadavre de celle qu’il a tant aimée, il sent son cœur exploser dans sa poitrine, si brutalement qu’il en a le vertige. Il tombe à genoux non loin du lit d’enfant au pied duquel elle gît, inanimée ; C’est plus fort que lui, sans vraiment en prendre conscience, il la prend dans ses bras et reste là, sans bouger, laissant s’exprimer une douleur trop longtemps retenue. Les scènes de leur enfance reviennent dans son esprit, plus nettes que jamais ; allongés au pied de cet arbre, elle découvrant tout juste son appartenance au monde Magique. Il voit son visage s’illuminer lorsqu’elle intègre la maison des Lions. Inévitablement, le souvenir de cet après midi de juin lui revient avec la force d’un boomerang. Il l’a éloignée, la seule personne qui lui était chère, il l’avait chassée et l’avait envoyée directement dans les bras de cet abruti arrogant de Potter, et vingt ans après, son cœur saigne encore. Son regard se pose sur l’enfant, encore dans son lit. Il pleure aussi. Il retrouve ces yeux verts comme l’émeraude, les siens, qui le fixent, pleins d’incompréhension et de détresse, c’en est trop. Severus sait qu’il détestera cet enfant : le portrait craché de son père et ces yeux qui lui rappelleront toujours qu’il a un jour commis l’irréparable.

Quelques années plus tard…

Assis derrière son bureau, dans les sempiternels cachots qui lui servent de salle de classe et où sont installés ses appartements, il corrige des devoirs, se lamentant sur le niveau des étudiants qui lui semble ne jamais connaître la moindre amélioration. Il est tard, mais le sommeil ne s’est toujours pas décidé à frapper à sa porte. A la place, c’est une sensation de brûlure qui le tire de son travail, une sensation qu’il ne connaît que trop bien, pour son malheur. Sans un regard pour cette marque noirâtre qui trône sur son avant-bras, cette marque qu’il exècre, le symbole de sa servitude, il pose la plume qu’il tenait dans la main et sort de ces sombres appartements, longe les couloirs et quitte l’enceinte du château, qui n’est plus exactement aussi rassurant qu’avant… Dès qu’il en a la possibilité, il transplane et se retrouve dans un tout autre décor, aussi sombre et froid que le précédent. Une voix rocailleuse, sifflante l’accueille. Instinctivement, il bloque son esprit, heureusement qu’il a cette capacité, et se lance dans la comédie du bon petit mangemort, ce qu’il n’est plus depuis déjà de longues années. Mais personne ne le sait et c’est ainsi que les choses doivent demeurer. Le mystère, toujours.

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