Chez les moldus, la magie n'a d'existence que dans les contes pour enfants et dans ces films à gros budget, dont les affiches immenses ornent leurs tours de verres. C'est pourquoi ils inventent des propriétés telles que celle de Newton. On lance un objet, il retombe. C'est l'apesanteur. Hermione n'est pas en apesanteur avec la situation actuelle, pourtant, le sol la retient irrémédiablement, clouée sur place. Confuse. La petite pièce de bronze qu'elle lance en l'air, comme dans un ralenti s'accordant à merveille avec sa respiration saccadée, retombe comme une masse sur son visage pâle trempé de larmes.

Réflexion.

C'est sa seule échappatoire, songé aux propriétés, aux sortilèges, aux mathématiques même. Mélanger art sorciers et d’arts moldus dans ses connaissances pour reprendre son calme. Que doit-elle faire ?

Réflexion.

Que peut-elle faire ?

Réflexion.

Comment doit-elle le faire ?

« Hermione, ouvre cette porte ! Allez quoi ! ». Ronald insiste encore, cherche à comprendre pourquoi la jeune fille s'enferme seule depuis des jours et ressort les yeux rougies par les larmes. Qu'a-t-il fait de mal ? Tout et rien. Elle sait qu'il n'acceptera jamais la vérité, ne voudra l'entendre. Et si elle était comme lui, plus naïve et moins terre à terre ? Cela serait une bonne solution, elle ne souffrirait plus, du moins, beaucoup moins. Ce sont les indications de l'ordre, il le lui demande et ils sont fermes à ce sujet.

Hermione Granger doit trahir son meilleur ami, pourquoi ? Parce qu'il change. Elle le sait, elle l'a vu dans son regard, Harry change.

Différence.

Le regard cruel qu'elle a vu ce jour dans ses yeux ne l'a pas trompé, il change, incontestablement.

Lentement elle analyse, tente de faire les liens depuis des jours sans jamais parvenir à trouver une solution. Quelque chose lui échappe, c'est la seule explication. Dumbledore est mort, Harry s'est soudain refermé sur lui-même.

Déception, chagrin, colère ?

C'est-ce qu'elle pensait sans aucun doute et avec foie. Mais l'ordre est venu à elle, lui a demandé de surveiller chaque geste du garçon comme s'il était ... Dangereux. Elle refusait de le croire ! Harry James Potter avait la marque, la preuve ultime qu'il ne pourrait jamais commettre un méfait plus grave que celui d'enfreindre les règles de l'école de Poudlard !

Mais son comportement était de plus en plus explicites, ses visites courantes à la bibliothèque insolites, et elle avait parfaitement distinguée la reliure d'un livre qui n'avait rien à voir avec un cours anodin ou une revue de Quidditch. Elle en était certaine, ce livre venait de la réserve. Magie noire. Elle frissonne, écœurée et apeurée par cette idée, priant pour faire fausse route. Cette magie la dégoûte, c'est l'essence même de la puissance de Voldemort. Elle est convaincue qu'elle doit exister, elle forme un tout, un équilibre. Le bien et le mal. Mais jamais elle ne s'avancera dans cette voie. Elle a sa propre voie, celle de la pureté. La magie blanche.