« Ma vie est déjà longue et j’ai vécu bien des choses, mais je pense que l’épisode qui puisse vous en dire le plus, c’est l’un des pires de toute ma jeune vie… C’était le jour de mes dix-neuf ans… Le jour où j’ai vu défiler ma vie devant mes yeux sans mourir… »

La soirée avait plutôt bien commencé, je fêtais mes dix-neuf ans en compagnie de quelques amis et de mon cousin, Adrian. Rien de bien folichon, un simple diner entre amis qui devait se terminer à la perfection… C’est-à-dire par une petite soirée dansante ou encore tout simplement des au revoir sur le pas d’une porte. Mais le destin semblait ne pas voir les choses sous le même angle… On quittait le restaurant moldu dans lequel nous avions vraiment bien rit et diné. Quelques uns étaient un peu trop éméchés mais dans l’ensemble l’ambiance restait vraiment géniale. Seulement, au moment où nous nous y attendions le moins, alors que nos esprits n’étaient qu’à la fête et à la détente, dans une ruelle parfaitement calme et sombre, des mangemorts nous sont tombés dessus…

La bataille n’a pas tardé à éclater et les groupes ont commencé à se former. J’étais totalement prise au dépourvu mais je me suis défendue du mieux que je pouvais, les adversaires changeaient et on avait pas le temps d’en fatiguer un qu’il se faisait remplacer… Pourtant, ils ne devaient pas être si nombreux que ça… Au fil de la bataille, alors que je repoussait encore l’ennemi sans trop en souffrir, je me suis éloigné des autres sans m’en rendre compte et sans que personne ne le vois non plus. Mon adversaire ? Lucius Malefoy… J’ai fait de mon mieux pour survivre, pour ne pas le laisser gagner mais la fatigue montait en moi, la bataille se faisait longue et je n’avais pas son expérience au combat, je suis bien plus jeune que lui… Aussi, peu à peu, il a commencé à gagner du terrain mais l’énergie du désespoir me faisait continuer à essayer de résister…

Jusqu’au moment où je n’ai plus réussit à répondre à ses sorts… Je pensais qu’il me laisserait là, pour morte, ou bien qu’il me tuerait tout simplement mais ça n’a pas été le cas, mon calvaire n’était pas fini parce qu’il s’est jeté sur moi… Pas pour me frapper, pas pour me lancer des doloris… Pour me détruire de la pire façon qui soit, de la plus honteuse, la plus perverse… Il abusa de mon corps sans que je réussisse à m’échapper, à me débattre bien que j’essaya au début… Et c’est là, dans la douleur déchirante de ses coups de reins que ma vie défila devant mes yeux grands ouverts qui fixaient le ciel sans étoiles…

… Moi toute petite hurlant, pleurant alors que le soleil éclaire bien trop ma chambre a mon gout, obligeant mes parents à garder les volets clos à longueur de journée… Les nombreuses farces que je pouvais leur faire pour égayer ma journée ou bien leur rendre le sourire parce que je ne tenais pas en place quand j’étais petite et j’avais toujours mille et une idées pour m’occuper, trente-six questions à poser à la seconde afin de satisfaire ma curiosité… Moi à l’âge de sept ans, ne comprenant pas toutes ces choses étranges qui se produisent quand j’ai peur ou que je suis très contrariée… Je me souviens que je n’osais pas en parler à mes parents pour ne pas les inquiéter et que je faisais mon possible pour cacher ses faits étranges… J’ai presque onze ans et un monsieur est à la maison pour expliquer à mes parents que je suis une sorcière et qu’en septembre je suis attendue dans le collège Poudlard… Je suis assise devant tout le monde dans la grande salle, le choixpeau sur ma tête et je l’entend hurler le nom de ma maison pour les sept années a venir… À Poudlard je fini par faire la connaissance de Tonks qui me fait rire à toujours être maladroite et à ne pas aimer son prénom…Et puis quelque part, on se ressemble beaucoup toutes les deux…

Les cours, les amis, les jours, les années… C’est comme des flashs qui m’aveuglent et qui sont trop rapides pour que je puisse tout distinguer… Jusqu’à ce que je tombe sur les scènes les plus importantes ou les pires de ma vie qui s’imposent à moi sans que je puisse rien y faire, comme si mon esprit avait inconsciemment décidé de se mettre en marche rapide pour m’empêcher de penser qu’il est là, sur moi, et me détruit de l’intérieur à défaut de me briser autrement et que je pleur silencieusement sans que personne ne vienne m’aider, le faire partir…

… J’ai quatorze ans et je suis à Pré-au-Lard à m’amuser en compagnie de mes amies dans le village sorcier, c’est bientôt les vacances de noël et la neige tombe doucement quand les professeurs nous rassemblent rapidement et nous reconduisent vers le château avec des airs graves sur le visage, la baguette en main, l’air agar… Je ne me souviens pas de ce jour avec précision, je me rappelle juste que ça fait très mal et que je me réveille plusieurs jours plus tard pour apprendre que je suis une lycanne maintenant… Ma vision de la vie change à ce moment là et je me sens plus seule que jamais… Je me rappelle m’être demandé plusieurs fois comment l’annoncer à mes parents… Je suis en dernière année et le professeur Lupin devient plus qu’un professeur pour moi… C’est un mentor, un grand frère, un ami… Quelqu’un qui peut comprendre ce que je vis parce qu’il le vit lui aussi… Et puis je quitte Poudlard sans savoir quoi faire pour mener ma vie, parce qu’avec ce problème mensuel… Personne ne voudra de moi… Mais le professeur Dumbledore me propose de remplacer madame Pince… Et la vie reprend…

Je ne sais pas combien de temps je suis resté prostrée, à moitié déshabillée dans cette ruelle… Je ne sais même pas à quel moment il est partit après m’avoir brisé… Je sais juste que j’ai peur de le rencontrer à nouveau…